Vélo 3

Je relève des annonces, con­tacte des par­ti­c­uliers, prend des ren­dez-vous. Un pre­mier apparte­ment nous passe sous le nez. Loué en une heure. Près d’Atarazanas, en vit­rine, je trou­ve une offre pour un duplex au cen­tre-ville. “Réservé!”, s’ex­cuse l’a­gent. Il nous fait asseoir, dirige son écran d’or­di­na­teur vers nous, égrène des annonces qui répon­dent à notre critères. Après la sieste, nous visi­tons un apparte­ment dans l’an­cien quarti­er rouge. Au ren­dez-vous, le pro­prié­taire. Grison­nant, l’air débor­dé, un avo­cat, un notaire ou un chômeur déguisé: après tout, la tra­di­tion picaresque n’es pas morte. J’en prof­ite pour exposé à Gala le con­cept de Señori­to chez José Orte­ga y Gas­set. Nous mon­tons.
- Après vous!
Gala passe devant, je lui emboîte le pas. Le pro­prié­taire bal­ance sa servi­ette de cuir au bout du bras et donne dans les super­lat­ifs: la cui­sine est extra­or­di­naire, le quarti­er par­faite­ment silen­cieux, les voisins agréables, d’ailleurs pré­cise-t-il, il n’y en a pas, vous êtes au dernier étage.
Oui, mais cela ne va pas: trop petit, et puis il n’y a pas où installer un ate­lier de pein­ture.
De retour à l’a­gence, j’aperçois une autre offre. Elle est en vit­rine.
- Et ça?
- Oh, mais il fal­lait dire que vous ne visiez pas exclu­sive­ment le cen­tre!
L’a­gent déplie une carte:
- Voilà, ce duplex se trou­ve au Rin­con de la Vic­to­ria. Atten­dez que je cal­cule la dis­tance… Là! Il est à douze kilomètres.