Quittant la rue du Grand-Pont dans le vieux quartier de Sion, je remonte la rue de la Marjorie. Ces vingt dernières années, je suis venue des centaines de fois distribuer des flyers et coller des affiches dans la ville, mais parce que le temps c’est de l’argent, je courais tel un dératé, n’empruntant qu’un réseau de rues communiquantes, évitant tout écart qui m’eut retardé. Ainsi n’ai-je jamais vu ce tunnel sous la montagne qui s’ouvre en haut de la rue Marjorie. Je me retrouve rue des Châteaux, face au musée du Valais. Plce étonnante, intemporelle, figée dans le granit. Les nuages épais qui naviguent dans le ciel donnent au lieu un aspect dramatique. Dans mon dos, une maison de base carrée surmontée au dernier étage d’un bois décoré. Une musique joue derrière un volet. Où que je porte mon regard, je trouve de l’ancien, du vieux, de la pierre, du ciel, du silence. Cette place n’est pas une lieu de production mais un lieu de vie, et, par la forme tranchée des pans de roc qui enferment les quelques constructions, un lieu axial, enté sur le ciel. Grand bonheur de se trouver là, à l’écart du fleuve du temps.