Sion 2

Quit­tant la rue du Grand-Pont dans le vieux quarti­er de Sion, je remonte la rue de la Mar­jorie. Ces vingt dernières années, je suis venue des cen­taines de fois dis­tribuer des fly­ers et coller des affich­es dans la ville, mais parce que le temps c’est de l’ar­gent, je courais tel un dératé, n’empruntant qu’un réseau de rues com­mu­ni­quantes, évi­tant tout écart qui m’eut retardé. Ain­si n’ai-je jamais vu ce tun­nel sous la mon­tagne qui s’ou­vre en haut de la rue Mar­jorie. Je me retrou­ve rue des Châteaux, face au musée du Valais. Plce éton­nante, intem­porelle, figée dans le gran­it. Les nuages épais qui nav­iguent dans le ciel don­nent au lieu un aspect dra­ma­tique. Dans mon dos, une mai­son de base car­rée sur­mon­tée au dernier étage d’un bois décoré. Une musique joue der­rière un volet. Où que je porte mon regard, je trou­ve de l’an­cien, du vieux, de la pierre, du ciel, du silence. Cette place n’est pas une lieu de pro­duc­tion mais un lieu de vie, et, par la forme tranchée des pans de roc qui enfer­ment les quelques con­struc­tions, un lieu axi­al, enté sur le ciel. Grand bon­heur de se trou­ver là, à l’é­cart du fleuve du temps.