Poésie

Une expéri­ence du lab­o­ra­toire de soci­olo­gie spécu­la­tive. L’on place un poète dans un jardin. Il dis­pose d’une table ombragée, d’un siège con­fort­able. L’air est doux, le ciel clair, le silence bien­faisant. Il va écrire. Un poème bien sûr, mais lente­ment: don­nons-lui une journée. Dans le pre­mier cas, il ter­mine son tra­vail comme il l’a com­mencé, au jardin, en silence; les con­di­tions n’ont pas changé. Deux­ième cas. Cette fois, nous intro­duisons des élé­ments per­tur­ba­teurs. Nous allu­mons un feu, la fumée monte, envahit le jardin. Puis un camion passe, décharge des poubelles. Le ciel se voile. Un marteau-piqueur se met en bran­le. D’abord éloigné, le son se rap­proche; d’abord inter­mit­tent, le son est con­tinu. Pous­sons deux ivrognes dans le par­age du poète. Ils brail­lent, s’in­sul­tent, en vien­nent aux mains. Et à la fin, ramas­sons les copies.