Quand nous ressortons de la grotte, il est midi. Des Hollandais se baignent dans la lagune. Passent à bord d’une pirogue les couples qui partageaient la nuit dernière notre campement. Des gens supérieurs. Investis d’un devoir. Convaincus et aguerris. Membres d’une O.N.G. Nous sommes de pauvres touristes. Eux sont reconnus d’utilité publique par l’O.N.U. Et pour commencer, il faudrait se soucier de bien comprendre cet acronyme, O.N.G. Dand le même esprit, lorsqu’on me demandera qui je suis, je répondrai:
- Je suis une non-femme.
Bref, je m’empresse de passer le pont de planches, regagne avec Gala la forêt de banyans et tend un billet de 50’000 kips à Li. Du village, il revient avec une caisse de bière. La veille, il a noté cette faiblesse: nous aimons boire. De là à avaler sept bouteilles de Birlao en plein soleil. Mais voilà, chaudes elle seront bonnes pour le rebut. Après quoi, nous louons la première chambre que l’on nous offre. Elle est au premier étage, son plancher est ajouré et sous nos pieds se déroule une conférence interminable dont les intervenants sont de tous les règnes: coq, maçon, voisin, porcelet, bambins, lavandières… Ne manquent que les membres de l’O.N.G.