L’écrivain

De loin, j’aperçois l’écrivain J. B. Assis face à une jour­nal­iste pour un entre­tien, il glisse sur le canapé, se rap­proche, touche ses mains et cligne des yeux: on croirait une demande en mariage. Il par­le à la jour­nal­iste mais s’adresse à la femme. Plus tard, face à une libraire, de même: il s’in­téresse à la femme. Lors de la lec­ture que nous don­nons ensem­ble, il cherche encore et tou­jours la femme, fidèle à ses textes, oppor­tunistes et ori­en­tés, une écri­t­ure de la tac­tique, de la drague. Du reste, il est pos­si­ble qu’il n’en soit pas con­scient. Il joue un per­son­nage. Cela m’avait frap­pé il y a dix ans, lors de notre pre­mière ren­con­tre, au point de juger qu’il s’a­mu­sait comme font par­fois les comé­di­ens qui pour épa­ter les naïfs font éta­lage de leurs tal­ents de comé­di­ens. Aujour­d’hui, J.B.est con­damné à hon­or­er ce rôle bas de gamme. Je me détourne: voir ces femmes con­fron­tées à pareil bon­i­menteur, me gêne. Or, tout à l’heure, une de mes amies me dit: j’ai con­nu J.B. ce garçon est for­mi­da­ble! Nous nous sommes tout de suite enten­dus! Voilà un homme, voilà un écrivain!