Pendant le salon du livre de Morges, Lucienne, comme il y a trois ans et cinq ans, vient à ma rencontre, me salue, m’embrasse, tire de son sac à main des feuilles: ce sont les photocopies des recherches que fait sa fille autour de l’arbre généalogique de notre famille. Je sais déjà que ce sont des tonneliers de Morges, que l’une des branches est désormais canadienne, qu’il y a des Friederich dans l’Ain.
- Mais depuis la dernière fois, ma fille n’a pas beaucoup avancé. Vous direz tout de même à votre papa de me communiquer les dates de naissance de ses parents, c’est comme ça que l’on fait pour enquêter sur les aïeuls.
Je promets.
- Et vous connaissez cet Alexandre Friederich de Genève?
Oui, bien sûr. Il a mon âge, il est originaire de la même commune, Rapperswil dans le canton de St-Gall, et d’ailleurs, il m’est arrivé de me faire remettre ses papiers car, à une certaine époque, nous habitions tous les deux Madrid.
- Non, pas celui-là. Un autre. Un gosse de douze ans.
Puis Lucienne achète Fordetroit pour sa soeur.
- Où habitez-vous en ce moment Alexandre?
- A Fribourg.
- Oh, mais vous savez, ma soeur est professeur de linguistique à l’Université de Fribourg!
- Eh bien, je suis à côté. De mon bureau, je vois la faculté des lettres.
- Ce livre est pour elle. Ma soeur s’appelle François Revaz.
- Extraordinaire!
- N’est-ce pas?
- Non, pas ça. Un élève vient de rédiger un mémoire intitulé La description de type voir chez Alexandre Friederich. Ce mémoire était dirigé par votre sœur.