A Madrid sur la Gran Vía. Il est vingt-deux heures, nous prenons nos chambres à l’hôtel Senator, sortons aussitôt pour aller dîner chez Rafael. Le restaurant est fermé. Nous avons dû manquer l’entrée! Mamère revient sur ses pas, Monfrère va de l’avant. Force est de constater: l’enseigne n’existe plus. Je m’appuie contre la vitre, la salle est en chantier, l’espace sans meubles, les parois badigeonnées de peinture. Quinze, vingt ans que nous mangions à notre table? L’an dernier, au printemps, Mamère s’assurait que l’assiette de Lausanne dont elle avait fait cadeau figurait toujours parmi la collection accrochée au mur. Vient de fermer un des derniers restaurants de l’après-guerre dans cette rue désormais chinoise,