Une invitation de la Maison de la littérature genevoise à m’exprimer en compagnie d’autres écrivains dont Daniel de Roulet sur la notion de frontière. Ce singulier n’est pas innocent: il permet de parler politique sous prétexte de littérature. Il permet de jouer les intellectuels. Il permet de pérorer, de conseiller à un public plein de bonne conscience, en réalité effrayé par la tournure des événements, des façons de persévérer dans leur déni de la réalité. Je décline l’invitation. Ce que je pense des frontières? Renvoyez ceux qui les franchissent puis militarisez et tirez à vue. L’option actuelle, cet aberrant laisser-faire, relève du coup: les mondialisateurs accélèrent leur programme de mise à genoux des peuples occidentaux. Le débat est suspendu. Toute recherche des faux-semblants, par exemple ces discussions littéraires sur une situation dont l’urgence n’a rien de littéraire, relève du cynisme.