Port de la Bonaigua au départ de la Seu d’Urgell. Plus de mille mètres de montée, après un premier col, le Puertó de Canto, pour un total de 125 km et 2580 mètres de dénivelé. Les Colombiens plaisantent et souffrent, nous souffrons et plaisantons. J’admire Adriana, l’épouse du garagiste: les épaules en avant, les mains dans le retour de guidon, elle pédale les yeux rivés sur le bitume et ne décroche pas. Le chilien bedonnant, lui, a lâché. L’organisateur envoie la voiture-balai. L’étape est à Viella, ville de montagne, ville en pierre grises, nouvelle et catalane, avec cette humeur désagréable, toute de morgue, des indigènes, pris au piège de la rhétorique indépendantiste de leur élite politicienne, humeur qui n’est pas sans rappeler celle des Suisses, notamment en ce qui concerne les services: horaires contraignants, fausse identité, favoritisme local, cupidité. Pour le reste, forme physique exceptionnelle et fatigue générale. Quelque peu rassurés, nous avons repris la consommation habituelle de bière et avalons dès l’arrivée trois à cinq canettes.