Rencontré ce matin les autres cyclistes. Un Majorquin de tente ans, un groupe de Colombiens, Monsieur et Madame, lui chef d’un garage à Medellín, elle propriétaire d’une papèterie, puis leur amis, un électricien d’origine indienne qui est à la tête d’une entreprise de 300 ouvriers et que nous surnommons Temple du soleil, enfin un banquier de vingt ans, trapu, et un second Chilien, bedonnant. Après le petit-déjeuner, nous cherchons un coin discret où entraîner le Krav-maga. Il n’y en a pas: la plage est bondée. Les vacanciers sont répartis sur le sable de chaque côté d’un couloir d’amené des bateaux contrôlé par un marin à képi doré. Nous répétons les figures dans le lit à sec de la rivière qui traverse le village, la Riera de Tossa. Sur le pont, passe et repasse l’agente municipale. La première sortie à vélo a lieu à l’heure de la sieste. Elle ne compte pas pour la traversée: il s’agit de se dégourdir les jambes. A dix-sept heures nous partons en groupe sur la corniche qui mène de Tossa à Sant Feliu — 50 km de virages dans les calanques. Un peu effrayé dans les descentes. Contenus entre la falaise et un muret à l’aplomb de la mer, les virages sont serrés. Sur le chemin du retour, un gosse me dépasse dans la montée. Il file sans saluer. Jambes et bras menus, torse plat: un spaghetti. Je le prends en chasse. Je remonte à sa hauteur lorsque je perçois un flottement au niveau de la roue arrière. J’ai crevé! J’arrête le vélo sur le bord de route. Les décapotables défilent. Miguel, l’un des organisateurs me rejoint. Il tâte la roue. Elle est bonne. Je pédale sur quelques mètres. Rien à signaler, confirme-t-il. Mais le flottement est toujours là. C’est alors que je constate les dégâts: le cadre a cassé au niveau du moyeu. Je récupère mon vélo à l’atelier après une dépense de Fr. 1200.-, tout le matériel ou presque est neuf, et le cadre lâche le jour du prologue!