Carrefour

Mon­frère vient de finir sa course à tra­vers la Castille de Soria à Tudela. Cent-vingt kilo­mètres en trois jours. Ce soir, il envoie un mes­sage de Madrid: Français en grève, avion annulé. Or, nous avons ren­dez-vous le lende­main matin à l’aéro­port de Genève où je dois lui remet­tre son fils. Mes­sage suiv­ant: il annonce avoir acheté deux autre bil­lets pour Genève à la com­pag­nie Swiss. Accom­pa­g­né de ma mère, il se rend à l’aéro­port de Madrid. Les autres pas­sagers ont déjà embar­qué. Ma mère se dévoue, con­va­inc l’hôtesse de terre de les faire mon­ter à bord. Celle-ci fait remar­quer que ni elle ni Mon­frère ne sont por­teurs de cartes d’embarquement. Mon­frère s’ex­cuse, il a oublié des les imprimer. L’hôtesse finit pas céder. Mais au moment de les diriger vers l’ap­pareil, la tour de con­trôle refuse le droit de décoller. Les pas­sagers revi­en­nent dans les bâti­ments d’aéro­port. Mon­frère et ma mère sont alors dirigés vers un hôtel où ils dor­ment. A minu­it, autre mes­sage. Mon père, cette fois. Il était prévu qu’il s’in­stallerait avec sa femme demain matin dans l’ap­parte­ment que j’oc­cupe à Tor­re­vie­ja, Or, il annonce que son vol Genève-Madrid vient d’être annulé. J’es­saie de dormir, car il me faut réveiller les enfants à 5h00 pour rejoin­dre l’aéro­port d’Al­i­cante en bus. Un autre mes­sage me réveille. Mon père et sa femme vien­nent d’at­ter­rir à Madrid, ils fer­ont route le lende­main sur Tor­re­vie­ja à bord d’une voiture de loca­tion et me prient d’aver­tir la pro­prié­taire de l’ap­parte­ment. Sur ce, mon père me con­seille de m’as­sur­er que notre vol Ali­cante-Genève n’est pas annulé. Je fais un mes­sage à mon frère qui répond: s’il est annulé, la com­pag­nie t’aver­tit par l’en­voi d’une mes­sage. Je me ren­dors. Et me réveille. Nous prenons le bus. Nous prenons l’avion. Nous emprun­tons un autre couloir aérien, par le sud, volons au-dessus de Nice, remon­tons les Alpes. A l’aéro­port de Genève, pas de nou­velles de Mon­frère. Pour­tant, son dernier mes­sage qui date de 9h00 m’an­nonçait qu’il décol­lait de Madrid. Il est 11h30. Atten­dre m’est dif­fi­cile, car dimanche matin, soit dans moins de vingt-qua­tre heures, je pars pour Venise en voiture avec Aplo où nous sommes atten­dus pour un camp de boxe. En gare de Coin­trin, je monte à bord d’un train pour Fri­bourg avec Luv, Aplo et mon neveu après m’être assuré qu’il y a quelqu’un à mon bureau de Genève. Mon neveu y atten­dra son père. Une minute avant que le train ne ferme ses portes, le télé­phone sonne: Mon­frère et ma mère vien­nent d’at­ter­rir. Aplo saisit la valise de mon neveu, la descend sur le quai, le train s’ébran­le, il marche en direc­tion de l’aéro­port. Qua­tre heures plus tard, à Fri­bourg, tan­dis que je rassem­ble shorts, pro­tec­tions, gants de boxe, cordes à sauter, bas­kets et démonte les vélos pour les remiser dans le cof­fre de la voiture, un mes­sage de mon père dit: “je viens d ‘arriv­er à Tor­re­vie­ja, l’ap­parte­ment est très bien.”