Rêve

Ma boîte aux let­tres a été rem­placée par une boîte en plomb qui fait dis­trib­u­teur de préser­vat­ifs. Les squat­ters n’ont pas fini l’in­stal­la­tion, ils s’af­fairent. Je les gêne. Où est ma boîte à let­tres? Dans le creux de la main, j’ai mes cartes de crédit et de la mon­naie de dif­férents pays, le tout en miettes. Je m’ex­cuse: pas très alerte, j’ai mal dor­mi. Puis je m’aperçois que j’ai le vis­age cou­vert de mousse à ras­er. C’est un peu gros, me dis-je, mais dans le milieu des squats, tout passe… Et puis cela prou­ve que je ne triche pas: je suis fatigué. Cepen­dant, je me dirige vers les toi­lettes com­munes. En fait, des douch­es. Femmes et hommes sont nus, et beaux. Ma cou­sine s’a­vance:
- Au début, c’est un peu bizarre, mais on s’habitue.
De retour dans la ruelle, je vais aux boîtes à let­tres. Les travaux sont finis. Il y a désor­mais un mur for­més de cent boîtes minus­cules. Le squat­ter qui fait le fac­teur plie chaque let­tre en douze, puis assem­ble plusieurs let­tres ain­si pliées au moyen d’élas­tiques. Je porte une com­bi­nai­son floue qui m’oblige à dandin­er. Un pas­sant que je con­nais m’at­taque. Mes parades échouent. J’aligne de mau­vais con­tre. Il se moque.
- Je n’ai pas à m’ex­cuser, lui dis-je, mais vois-tu, je suis fatigué.
En quit­tant le quarti­er, je croise Krick (notre voisin du bureau de Genève qui tient une cyclomes­sagerie). Il tient son chien en laisse ou plutôt, son chien, petit roquet au poil ras, le traîmne der­rière lui. Pour l’éviter, je change de trot­toir. A ce pas­sant qui s’é­tonne du spec­ta­cle, je déclare:
- Qu’il aille à sa comptabilité!