Matériaux

Economie au camp. Avant de manger le riz, on boit le lait de riz. Puis le grain est embal­lé dans des feuilles de bananiers et ficelé de tiges sou­ples cueil­lies dans la forêt. Les bam­bous verts ser­vent à la con­struc­tion des cabanes et des embar­ca­tions. Aux inter­sec­tions, de la liane. Les bam­bous à demi-sec, coupés à la hâche puis tail­lés, ser­vent à fab­ri­quer des tass­es. Je bois mon café dans un bam­bou. Les bam­bous secs, ser­vent de bois pour le feu, et, déroulés, de planch­er pour les cabanes. Plus éton­nant, comme Pou me sert un instan­ta­né écoeu­rant que fab­rique Nestlé et que je renonce à boire, il me pro­pose de cuire du vrai café. Or, il n’y a qu’une casse­role et il y a déjà jeté les légumes. Il tranche un bam­bou, le rem­plit d’eau du ruis­seau, perce la join­ture haute et le plante dans les brais­es. Quelques min­utes plus tard, le bam­bou sif­fle, l’eau est bouil­lante. Ceci encore: hier soir, je demande s’il a du piment. Il se lève et diparaît dans la nuit. Avec cette vieille vais­selle, ces bouteilles et ces car­tons qui traî­nent au sol, je me dis qu’il espère déniché un reste. Il revient avec six petits piments, trois verts trois rouges, qu’il a ceuil­li dans le noir.