Lévi-Strauss meurt à cent ans en nihiliste. Son testament oral, sous la forme d’une confession à une animateur qui fait son interview pour la télévision: “je n’aime pas les hommes”. Nullement surpris par ce fait qu’on me rapporte. Je me suis toujours tenu à grande distance de ses idées. Disons, plus exactement, système, ce mot établissant que la réalité est secondaire. Ce qui me frappe, avant que nos Européens en fasse une mode, c’est cette haine de soi. Quant à la façon de dire un voyage, je préfère à la même période le désordre créatif de Ginsberg dans ses Journaux indiens. Que cela soit sans rapport est loin d’être certain. Lévi-Strauss fait le choix du néo-positivisme; Ginsberg, le choix opposé, celui de la poésie. L’un élabore, l’autre note. Tous deux ratent le coche, mais le premier suscite dans ses pas des vocations dangereuses pour pédagogues de bas-étage alors que cinquante ans après leur rédaction, ces notes brutes d’un poète beat, traversées d’hallucinations, personnelles jusqu’à l’idiotie, conservent leur contant de réalité.