Changement d’hôtel, le prix de mon ancienne chambre ayant soudain doublé. Des paysans louent de petites baraques en joncs avec paillasse au sol, ce qui me convient, mais au moment d’accepter, j’entends de la musique techno. La dame m’explique que cela vient de la piscine. Je lorgne au-dessus de la clôture. Ne vois ni piscine ni touristes. J’aperçois en revanche les hauts-parleurs acrochés aux palmiers. A quelle heure cela finit-il? Dix-sept heures, dit la dame. Je lui rends la clef. Ele me fait ècrire une lettre de plainte. Un peu plus loin, un hôtel avec bungalows. D’après l’ambiance, propriété chinoise. Difficile de savoir à quoi cela tient. De prime abord, le style est différent. Le Chinois n’a pas l’amour des courbes, pas le goût du détail, de la nuance. Et puis, dans un commerce tenu par des Chinois, il y a toujours une dame qui est assise devant des billets de banque et tient une machine à calculer comme si le naufrage menaçait. Cependant, magnifique hôtel. Je m’installe dans une bungalow, profite de la piscine, me sert de bière dans le frigidaire. La seule autre cliente, une Anglaise, lorsque je la salue et lui demande ce qu’elle pense de l’endroit, se justifie:
- Oh, d’habitude, je ne prends pas aussi luxueux, mais je suis un peu fatiguée.
Nous échangeons quelques propos sans intérêt, puis elle s’excuse encore:
- C’est vraiment la première fois que je descends dans un endroit comme celui-ci…
- Moi aussi, lui dis-je, mais nous sommes dans une vallée pauvre, s’il existait des hôtels dignes de ce nom, j’y serai descendu. D’ailleurs j’ai réservé au Hilton de Chang Mai pour demain, cette jungle est trop inconfortable.