Commencé voilà trois jours Ecriture, bière, combat. Seul point de repère, les lumières étranges aperçues autour de la Lagune noire, dans la région de Soria, un certain soir de l’année 1990. Or, l’incident tient en quelques lignes. Je l’annonce au début du texte, puis je m’en éloigne. Il est prévu ensuite de s’en rapprocher et enfin de compte de le dévoiler. Le récit se déroule dans ce temps. Encore s’agirait-il de savoir ce que je veux raconter. Et ici survient un paradoxe: je veux parler d’écriture, de bière et de combat, mais en rapportant des faits. Dès lors, je me perds en tergiversations. Une phrase d’amorce m’a coûté cet après-midi plus d’une demi-heure de réflexion. Ensuite, guidé par les possibles, j’ai mieux travaillé. Je fais ce que je peux, me dis-je. Signe que, cette fois, toute liberté m’est refusée. A cela s’ajoute un autre facteur. J’ai commencé l’écriture de ce texte le 22 janvier. Le 13 janvier, je m’envole pour l’Asie. Si je devais poursuivre son écriture là-bas, je ne profiterais plus du voyage. D’autre part, si je plante là mon texte, je ne pourrai peut-être jamais le reprendre. Trois obstacles donc: je sais mes quelles vues j’aimerais exprimer, d’où ce titre qui vaut programme , mais ne puis le faire sans fabriquer un récit; le rapport entre ce propos et La lagune noire où s’est déroulé l’incident n’est pas constitué; enfin, un compte à rebours étant engagé, je manque temps, mais, tenu de respecter le développement organique du récit, n’ai aucunement le choix de la vitesse d’exécution.