A la nuit tombante, ce jour du nouvel-an, balade tranquille autour du Schwabinger Bach de l’Englisher Graten saisi par les glaces et bordé de bancs sur lesquels les munichois construisent des bonshommes de neige. Des skieurs filent dans le sous-bois, des couples se photographient et les oies pataugent sur la berge gelée. Deux d’entre elles, grises et dodues, ont ce dialogue:
- Quoi.
- Quoi, quoi?
- Quoi, quoi-quoi?
- Quoi.
- Quoi, quoi, quoi.
- Quoi, quoi, quoi — quoi?
Et soudain, elles s’envolent.
Je les suis du regard, cherche à savoir où elles se poseront. La question étant pour moi: choisissent-elles un coin du lac où elles établissent une colonie le temps de l’hiver ou se déplacent-elles à travers le parc au gré de leur inspiration? N’étant pas éthologue, je me concentre sur ces promeneurs qui s’arrêtent un instant boire une tasse de vin chaud devant une cabane qui diffuse une musique de Noël. Puis ayant fait le tour de l’étang, nous franchissons le petit-pont qui mène à la brasserie Osterwaldgarten et remontons à pied à l’hôtel par des rues où l’on voit des dizaines de parents tirer leurs enfants sur des luges. A dix-neuf heures, le réception nous avise que nous sommes attendus pour boire le champagne et jusqu’au moment de franchir la porte de la salle de restaurant, Gala ne cesse de répéter que les Allemands ne s’habillent pas, que la longue robe noire ourlée de faux diamants dont elle m’a fait la surprise paraîtra déplacée, qu’elle va marcher sur la traîne faute d’y avoir appliqué un ourlet et que ses bracelets sont trop visibles…