Il y a vingt-cinq ans, j’étais au buffet de la gare de Genève, infiniment triste. Mara était face à moi. Elle me quittait. Des buveurs aux faciès cramoisis s’aidaient de leur cravate pour amener à leurs lèvres le premier verre de vin de la journée. Il était 5h30. Lorsqu’une femme vous quitte, les conséquences sont tragiques, douloureuses. Mais lorsqu’on a vécu, profité, blessé, commis des erreurs, elles le sont moins. A l’âge mûr, la séparation est moins torturante. A vingt-cinq ans, parce qu’on ne voit pas le monde, on tombe dans le vide; à cinquante, on tombe dans le plein.