Monforte 2

Château médié­val de Mon­forte. La route d’ac­cès s’en­roule sur le mont, la forter­esse est pro­tégée par une tour de plan car­ré de quelque trente mètre. Ce soir, je partage la cham­bre avec Luv. Au cré­pus­cule nous fixons la cordil­lère qui ferme l’hori­zon en direc­tion de Saint-Jacques. La ville glisse dans le noir, les derniers papil­lons d’au­tomne se brû­lent sous les réver­bères, un brouil­lard monte. Dans les souter­rains, face à la salle du chapitre — le bâti­ment fai­sait aus­si monastère — coule une fontaine au bec de cuiv­re. En face, la direc­tion du Parador a creusé les blocs de pierre hiéra­tique pour inscrire dans la masse un jacuzzi de la taille d’un baig­noire que les enfants font débor­der pen­dant des heures. Mon­frère et mois sommes à l’é­tage: seuls, nous tenons le bar. Dans le déam­bu­la­toire, par­mi les gravures, celle qui mon­tre en par­tie inférieure trois médail­lons allé­goriques. L’un d’en­tre eux est le Silence. Il est inscrit entre l’ Economie et la Divinité. Il mon­tre: un pois­son échoué sur un banc de sable por­tant dans la bouche un bague. Le pois­son porte un cœur dans lequel une clef d’ar­moire ferme des lèvres.