Cours de nuit

Cours de Bernard Stiegler. La feuille devant moi, sur laque­lle je prends mes notes, lui sert égale­ment d’aide-mémoire. Il par­le, je note. Il tire, je tire. Je note. Et voici ce qu’il pro­fesse: je vais vous expli­quer le principe d’in­ver­sion. Et Stiegler de dessin­er à sa manière mal­ha­bile de philosophe pour qui les choses sont une fac­teur de hand­i­cap un sabli­er. Bien enten­du, dit-il, seuls valent les con­cepts, mais afin de vous faciliter la tâche, je recours à l’il­lus­tra­tion.
- Donc, un sabli­er. Ici en haut, la nuit; en bas, en miroir, le jour. Vous remar­querez que la nuit et le jour, nuit-jour, don­nent le minou. Et de la même façon que la France, l’hexa­gone, légère­ment esthétisé, évoque le flam­beau de l’Ac­tion française, si vous placez notre pays face à un miroir (comme on dit que le point con­siste sur le plan), vous aurez la France pleine ici, dans la réal­ité et la France vide en face, dans le miroir, la France riche ici, dans la réal­ité, qui est une illu­sion, et la France pau­vre en face, dans le miroir, et ain­si de suite. Ce qu’il con­viendrait de nom­mer, sans jeu de mots, un camp de con­tes­ta­tion.
Ain­si entendais-je Bernard Stiegler dis­courir en rêve cette nuit et marchant vers les toi­lettes, je pen­sais: idées géniales d’un alcoolique de la lignée des Deleuze.