Gormiti

L’an dernier je me don­nais pour tâche de par­ler dans un livre prochain du gor­mi­ti. Dans les dernières phras­es de Forde­troit, j’an­nonce ce texte, ou plutôt, l’analyse de cette mal­adie. J’en dis­cu­tais avec Aplo. Rien de tel pour fix­er l’idée. Je fais du skate depuis plus de trente ans, lui dis­ais-je, et je ne me sou­viens pas avoir heurté un pas­sant. Or, depuis peu, se fau­fil­er est devenu dif­fi­cile. Les pas­sants n’ont plus le sens de l’équili­bre. Ils ne marchent plus, ils flot­tent. Le ska­teur est à la mer­ci d’un mou­ve­ment soudain et imprévis­i­ble. Et cette perte de con­sis­tance des corps à son équiv­a­lent dans la langue: l’in­ter­locu­teur ne se situe plus. Dans ces entre­tiens de Pacif­ic Pal­isades réal­isés par Chris­t­ian de Bar­tillat en 1972, Hen­ry Miller dit: “En fait, nous sommes arrivés à un état de neu­tral­ité. Nous sommes neu­tres, nous ne sommes plus hommes ou femmes, furieux ou ten­dres. Tout est égal, dégon­flé. C’est le plus grand dan­ger auquel nous sommes con­fron­tés, et, en ce sens, nous per­dons notre humanité”.