Mois : septembre 2014

Idées littéraires

Ceci de mer­veilleux s’agis­sant des idées lit­téraires: on ne peut pas les voler.

Antitourisme

Pro­jet d’un livre inti­t­ulé: Une nou­velle vision du monde, l’an­ti­tourisme. Enquête sur les émeutes de Bali et de Barcelone, réc­it du for­matage des villes exploitant des sites archéologiques majeures, Angkor Watt, le pays Tora­ja ou Machu Pichu, Prague ou Göreme, descrip­tion des réseaux mer­can­tiles à Fès ou Ghizé ou encore des villes mil­i­tarisées telles que Charm-el-sheik.

Duvets

Mon père, plein d’en­train à l’idée de rap­porter de Budapest, à l’oc­ca­sion de son prochain voy­age, des duvets en plumettes d’oie, parce que, dit-il, “ils sont moins chers et de meilleure qual­ité”, mais, devrait-il dire, si tant est qu’il se penchât sur sa psy­cholo­gie, parce que c’est autant d’ar­gent que ne gag­neront pas les reven­deurs suiss­es dont la marge de béné­fice est hon­teuse et arro­gant le sys­tème de vente.

Cuisine

- Aplo, qu’est-ce que c’est ce cours d’E­conomie famil­iale?
- La cui­sine.
- L’é­cole donne des cours de cui­sine?
- Oui.
- Ah, et c’est bien?
- Oui.
- Et les filles de ta classe suiv­ent des cours de marteau-piqueur?
Aplo me dévis­age.
- Ou… des cours de bûcheron­nage?
- De quoi?
- Appren­dre à couper du bois.
- Mais non, ce serait ridicule…
- Tiens, j’au­rai pen­sé que les femmes pou­vaient aus­si s’in­téress­er à ce que l’homme fait de ses journées.

Colonialisme

Le colo­nial­isme a favorisé l’es­sor de l’Eu­rope, le néo­colo­nial­isme en annonce la chute.

Riches villas

J’ai du plaisir à con­tem­pler les rich­es vil­las des gens rich­es, je n’en ai aucun à con­tem­pler les rich­es vil­las des gens qui s’ef­for­cent au travail.

Carcajadas

Du fait de l’al­litéra­tion, le mot espag­nol car­ca­jadas est plus appro­prié que son équiv­a­lent français  pour désign­er l’é­clat de rire et j’y pense chaque fois que j’en­tends des ado­les­cents qui s’esclaf­fent (mais il est vrai qu’on ne rit pas de la même manière dans les dif­férentes langues et d’ailleurs l’onomatopée qui évoque le rire en espag­nol paraî­trait peu adap­té au français: ja!ja!ja!)

Remise

Course dans la forêt du Bour­guil­lon puis sur le sen­tier des gorges du Got­téron dont l’une des passerelles à de nou­veau été emportée par un glisse­ment de ter­rain. Je remonte ensuite par les escaliers du funic­u­laire et con­state avec sat­is­fac­tion une amélio­ra­tion de mon temps. Soirée de rou­tine à cuisin­er et boire de la bière, répéter les devoirs d’Ap­lo et vision­ner un doc­u­men­taire. Mais à peine couché, je me sens fiévreux, mon nez se bouche, la tête cogne. Comme on fait dans pareille sit­u­a­tion je cherche où et quand j’ai pu pren­dre froid. La fenêtre de mon bureau était ouverte, je me suis penché pour admir­er la vue, je tran­spi­rais. Cela aurait-il suf­fit? Les heures s’é­coulent, je ne dors pas. A deux heure du matin, j’avale des cachets. La fièvre tombe; je me relève, je prend des notes, je prends une douche, vient le matin et l’heure de se lever. Quand Aplo part pour l’é­cole, je trou­ve enfin le som­meil, et quel som­meil, semé d’hal­lu­ci­na­tions (les médica­ments), de cauchemars, (la fièvre) et de remords (je devrais être en train de pos­er des cadres d’af­fichage, de pass­er des con­trats, d’écrire). A midi, après avoir fait mangé Aplo, je me présente au cours d’ou­ver­ture d’Ed­ward Swider­s­ki sur la philoso­phie de la cul­ture. Salle vide, aucun étu­di­ant dans les couloirs. Je patiente cinq min­utes. Véri­fi­ca­tion faite, il s’ag­it de la bonne salle. Je ren­tre dormir. A dix ‑sept heures, retour à l’u­ni­ver­sité Mis­éri­corde. Séance inau­gur­al du départe­ment de français. Matthieu Cor­pataux, le directeur de la revue L’Êpitre tenait à ce que j’y par­ticipe, un des mes textes ayant été pressen­ti pour la remise d’un prix. Sur place, je trou­ve Bati­lo, mon cama­rade du Kra­va Maga. Pourvu que je ne gagne pas, tel est mon sen­ti­ment. Je m’en étais déjà ouvert a lui au début de l’été. Lais­sons cela aux étu­di­ants. Et puis lire devant le corps pro­fes­so­ral et un parterre d’é­tu­di­ant  m’in­timide. D’ailleurs, plus je vais, moins j’aime lire. Dire, réfléchir à haute voix, don­ner ce qu’il con­vient d’ap­pel­er une con­férence, c’est autre chose: l’ef­fort est en soi un acte de spon­tanéité, mais énon­cer des lignes inscrites sur une feuille, c’est un méti­er de comé­di­en. Passe encore lorsqu’il s’ag­it d’un texte incon­nu, mais don­ner à enten­dre sa pro­pre écri­t­ure, voilà qui n’est guère ras­sur­ant. Nous voici donc instal­lés, Bati­lo et moi, au milieu de l’am­phithéâtre, par­mi une cinquan­taine d’é­tu­di­ants nou­velle­ment inscrits. Pour le moment ils écoutent l’écrivain Jean-François Haas leur dire son amour de la lit­téra­ture. Dans un pre­mier temps, mots con­venus  mar­qués d’anec­dotes poli­tiques sur le poids de la parole écrite (je me demande encore si j’ai bien enten­du, a‑t-il vrai­ment énon­cé, lui, écrivain sen­si­ble et enseignant aver­ti, cette équa­tion grotesque “être intel­lectuel c’est être de gauche”?), puis dis­cours plus per­son­nel sur l’esthé­tique, le beau, l’en­gage­ment et l’ex­er­ci­ce de soi. Il achève sous les applaud­isse­ments, ren­tre dans sa barbe, quitte la tri­bune, reprend sa place. L’un des pro­fesseurs annonce alors la créa­tion d’une mai­son édi­tion au sein de la fac­ulté, les Press­es Libres de Fri­bourg, puis nomme par leurs titres les textes parus en revue durant l’an­née écoulée qui ont été pressen­tis pour un prix. “Dans la caté­gorie prose…”. S’af­fiche à l’écran un nom que je con­nais pas. Soulagé, j’ap­plaud­is. Or, je me four­voie: un deux­ième puis un troisième nom s’af­fichent, et ain­si jusqu’à six. Le pro­fesseur déclare alors que le jury à l’unanimité a dis­tin­gué le texte d’Alexan­dre Friederich …” en rai­son de ses qual­ités formelles, de ses impli­ca­tions sociales…” et je ne sais quoi d’autre. Aus­sitôt me voici lisant face à l’assem­blée Le dra­peau, texte de quelques lignes où il est ques­tion d’un soli­taire qui une fois l’an hisse au cen­tre d’une ville sur la hampe de son jardin un dra­peau inter­dit sur deux con­ti­nents (référence au dra­peau nazi).

Chambre noire

Sup­primé.

Administration

Pour acheter des armes, il faut faire demande et pour cela pro­duire un extrait de casi­er judi­ci­aire vierge. Jusqu’i­ci, j’é­tais à l’é­tranger. Main­tenant que je suis de retour en Suisse, je con­state que le casi­er n’est plus vierge. Si d’au­cuns devaient avoir des doutes sur le régime des col­lab­o­ra­tions inter­na­tionales, qu’ils soient per­suadés que celles-ci ont avant tout pour effet de ren­forcer l’as­cen­dant des Etats sur les citoyens. Dans ce cas les rap­ports bâclés de la gen­darmerie française sont été repris par les tri­bunaux français puis inscrits dans le casi­er judi­ci­aire suisse.