Un peuple sans complexes, les Espagnols. Il est vrai qu’ils ont des coutumes, une langue, un vaste pays et qu’ils ne vivent pas comme les nouveaux Suisses dans l’arrière-cour d’officines internationales transformées en zoo. Et puis, ils n’ont jamais brillé par l’imagination. Mais tout de même, quelle agréable familiarité, quelle gentillesse et cet aplomb! Tout à l’heure je fais des exercices Pilates. Les postures sont parfois gênantes, je me mets donc à l’écart, vers le terrain de football, loin des regards des gens qui prennent le soleil au bord des bassins de piscine. Deux grands-mères passent. Elles s’arrêtent, demandent ce que je fais.
- Vous êtes professeur de gymnastique?
- Aucunement.
Nous parlons un peu, elles repartent bras dessus-dessous marcher autour de la piscine, reviennent. S’arrêtent encore. A ce moment-là, je suis sur le coude, les jambes superposées et tendues et je lève vingt fois pour durcir les cuisses. Les voici qui se mettent au sol, dans leur maillot de bain, avec leur quatre-vingt ans et tentent l’exercice.