Décalé à un point. Et les somnifères n’y font rien. D’habitude je n’ai pas ce genre d’articles dans ma pharmacie. D’ailleurs, je n’ai pas de pharmacie. Mais aux États-Unis, les médicaments d’usage courant sont en vente libre, il s’agissait d’en profiter. Seulement voilà, ces grosses capsules bleues ont pour seul effet de me brouiller les idées, elles ne m’endorment pas. Couché hier à 22h00, j’entendais sonner les cloches ce matin à 5h30. Heureusement, dans l’intervalle, je rallume et lis, puis j’écris de petites choses qui en d’autres circonstances ne viendraient pas : contes, poèmes cubistes ou dada, de quoi s’amuser. Enfin, le sommeil me rattrape. Alors je plonge. Quand le soleil se montre, avance jusqu’au lit, me chauffe les reins et que je transpire, c’est encore sans effet. La volonté est bridée, je ne suis pas aux commandes, mais à dix mille lieues du corps, dans le chloroforme. La ligne internet sonne. Gala appelle de sa villa de la Côte-d’Azur. La tablette est à portée de main. Impossible de me tirer jusque là. Je replonge. Et pourtant une crainte ne me quitte pas. Ce que je voudrais, en plus d’être seul, c’est savoir que nulle sollicitation ne peut bousculer mon repos. Là est le repos vrai. Hélas, j’attends un camion et je sais que si l’autre téléphone sonne, il me faudra me lever pour réceptionner trois palettes de cadres allemands.