Ronda 2

Casas rurales Fin­ca de Los Pas­tores. Pro­priété splen­dide sur une colline en direc­tion d’Al­ge­ci­ras. Mais le por­tail est clos. Frère attend dans l’Au­di de loca­tion, je sonne à l’in­ter­phone. Un kilo­mètre de chemin pous­siéreux nous sépare d’un sec­ond por­tail à par­tir duquel com­mence l’as­cen­sion de la colline. Pas de réponse. Un pan­neau plan­té dans le pré indique que nous sommes au bon endroit. Je com­pose le numéro de télé­phone qui appa­raît sur le pan­neau. Une voix.
- Ce n’est pas le bon numéro. Prenez un sty­lo, je vous le dicte.
Je rac­croche et com­pose le nou­veau numéro: un stan­dard indique qu’il y a erreur. Alen­tour, terre sèche, soleil, silence. Et Fin­ca inac­ces­si­ble. Cela le jour où sept mil sportifs con­ver­gent sur Ron­da et se pressent dans les hôtels. Au bout d’un moment appa­raît une voiture au niveau du sec­ond por­tail. Lorsqu’elle arrive à notre hau­teur, le con­duc­teur baisse sa vit­re.
- Il vous faut un passe pour entr­er, aller le chercher à la récep­tion.
Un client venu pour la course. Il rejoint Ron­da où les Légion­naires organ­isent un repas de pâtes. A la récep­tion, la gérante s’ex­cuse:
- L’élec­tric­ité à lâché.
Et nous pro­pose une cham­bre avec lit dou­ble.
- Nous sommes frères, pas amants. De plus, nous avons pré­cisé qu’il nous fal­lait une cham­bre avec deux lits.
En fin de compte, nous obtenons dans une mai­son détachée un apparte­ment com­plet avec salon, cui­sine, cham­bre à couch­er et sec­ond lit. Son nom: Cosaco. Nous tirons les vélos des sacs de trans­port, véri­fions les freins, les pneus, les dérailleurs. Frère n’a pas fait révis­er le sien, qui date de plus de quinze ans, j’ai acheté le mien il y a quelques jours et  ne l’ai encore jamais mon­té. Après le repas de pâtes à Ron­da sous des tentes mil­i­taires à l’aplomb des falais­es, nous éteignons et dor­mons. Il n’est pas dix heures. Rêve étrange, des­tiné à pré­par­er le corps. Et qui sem­ble dur­er toute la nuit. N. à qui pense rarement, que je n’ai pas vu trois fois en dix ans, m’ap­pa­raît comme la femme que j’ai tou­jours désiré. Elle m’ac­com­pa­gne à tra­vers la ville. Quand je l’at­taque au Krav Maga, elle se défend avec pré­ci­sion: elle con­naît son art. Quand je lui par­le lit­téra­ture, elle répond avec tal­ent. Enfin elle m’embrasse et après avoir mis en évi­dence ce que mon exis­tence eut été si j’avais com­pris que nous étions faits l’un pour l’autre, me dit d’aller seul et sans regret. Un sen­ti­ment posi­tif qui me tien­dra une par­tie de la journée.