Casas rurales Finca de Los Pastores. Propriété splendide sur une colline en direction d’Algeciras. Mais le portail est clos. Frère attend dans l’Audi de location, je sonne à l’interphone. Un kilomètre de chemin poussiéreux nous sépare d’un second portail à partir duquel commence l’ascension de la colline. Pas de réponse. Un panneau planté dans le pré indique que nous sommes au bon endroit. Je compose le numéro de téléphone qui apparaît sur le panneau. Une voix.
- Ce n’est pas le bon numéro. Prenez un stylo, je vous le dicte.
Je raccroche et compose le nouveau numéro: un standard indique qu’il y a erreur. Alentour, terre sèche, soleil, silence. Et Finca inaccessible. Cela le jour où sept mil sportifs convergent sur Ronda et se pressent dans les hôtels. Au bout d’un moment apparaît une voiture au niveau du second portail. Lorsqu’elle arrive à notre hauteur, le conducteur baisse sa vitre.
- Il vous faut un passe pour entrer, aller le chercher à la réception.
Un client venu pour la course. Il rejoint Ronda où les Légionnaires organisent un repas de pâtes. A la réception, la gérante s’excuse:
- L’électricité à lâché.
Et nous propose une chambre avec lit double.
- Nous sommes frères, pas amants. De plus, nous avons précisé qu’il nous fallait une chambre avec deux lits.
En fin de compte, nous obtenons dans une maison détachée un appartement complet avec salon, cuisine, chambre à coucher et second lit. Son nom: Cosaco. Nous tirons les vélos des sacs de transport, vérifions les freins, les pneus, les dérailleurs. Frère n’a pas fait réviser le sien, qui date de plus de quinze ans, j’ai acheté le mien il y a quelques jours et ne l’ai encore jamais monté. Après le repas de pâtes à Ronda sous des tentes militaires à l’aplomb des falaises, nous éteignons et dormons. Il n’est pas dix heures. Rêve étrange, destiné à préparer le corps. Et qui semble durer toute la nuit. N. à qui pense rarement, que je n’ai pas vu trois fois en dix ans, m’apparaît comme la femme que j’ai toujours désiré. Elle m’accompagne à travers la ville. Quand je l’attaque au Krav Maga, elle se défend avec précision: elle connaît son art. Quand je lui parle littérature, elle répond avec talent. Enfin elle m’embrasse et après avoir mis en évidence ce que mon existence eut été si j’avais compris que nous étions faits l’un pour l’autre, me dit d’aller seul et sans regret. Un sentiment positif qui me tiendra une partie de la journée.