Jeans

En avril j’achète un jeans au Corte Inglès de Mala­ga. Aupar­a­vant j’ai cher­ché dans les bou­tiques. La mar­que n’est pas disponible. Je ne pos­sède qu’un jeans de cette mar­que, acquis six ans plus tôt à Las Vegas et qu’il me fau­dra jeter avant l’été. N’ayant aucune envie de pass­er en cab­ine d’es­sayage, j’ai noté le mod­èle, la couleur et relevé les men­su­ra­tions sur l’é­ti­quette. Manque de chance, la taille cor­re­spond pas la longueur. Tant pis: je fais emballer, je paie et ren­tre à l’Hô­tel. Or, ma mère m’ex­plique que le tis­su est trop épais pour qu’elle puisse le repren­dre à la main. Je retourne auprès de ma vendeuse. Mag­a­sin organ­isé à l’an­ci­enne, le Corte Inglès compte des dizaines de vendeurs par étage et pour ce qui est des jeans, deux à trois pré­posés par mar­que. Le pan­talon peut être repris sans frais, mais il faut compter trois jours. J’emporte le jeans en Suisse, le garde plié. En mai, je le dépose dans le fond de la valise, retourne au Corte Inglès de Mala­ga. Même étage, même vendeuse. Elle emballe le pan­talon dans un papi­er cristal, me tend un reçu, me donne ren­dez-vous. Le jour du retour en Suisse, deux heures avant l’en­vol de l’avion, je m’aperçois que mon jeans attend. Frère reste sur le quai au près de la voiture, je pars en courant, grav­it les esca­la­tors, tend ma quit­tance, la vendeuse amène le jeans, le déplie, me le mon­tre, le replie, l’emballe et je repars en courant, le jeans sur la main, comme si je por­tais un plateau, le dépose dans ma valise, ren­tre en Suisse et l’égare.