Tout ce que je peux raconter. Bien sûr, je pourrais mettre sur papier, enfermer ces papiers dans un carton. Mais à quoi bon? Pour mémoire? Peut-être. Quoiqu’il en soit, je m’inquiète. Est-ce une affaire d’âge ou une affaire d’âge de la société, d’évolution de sa nature? Mes opinions les plus certaines, ne peuvent plus prendre place ici pour des raisons d’opprobre, de déstabilisation financière, voire de loi; pour le même motif, une partie de mes actes doivent être tus; enfin, et c’est l’écueil central, je ne puis dire mes avis sur les gens de mon entourage sans que cela provoque des répercussions, bonnes ou mauvaises d’ailleurs. Intervient dans cette affaire, dont je ne sais comment traiter, toutes sortes d’exemples illustres et propres à aider la réflexion: la publication à quelques exemplaires de l’apologie de homosexualité de Gide, l’autofiction de Serge Doubrovski provoquant la mort de sa femme (Le livre brisé), le problème de la captation fictive d’une personne proche dans le cas du livre d’Henry Miller, Un diable au paradis, la question de la mise programmée à l’index de Jules Renard du fait de ses portraits au vitriol égrenés dans son Journal… le travail psychanalytique de Duras dans La vie matérielle…