San Manuel Bueno Martir, roman espagnol des années 1930 et son personnage de curé qui perd la foi. Devant de modestes paysans qui enterrent l’un des leurs, il déclare: “le corps reste ici et l’âme de même”. Je me souvenais de cette scène hier et une fois de plus son auteur, Miguel de Unamuno, m’apparaissait comme un fabricateur. La perte de la foi qu’il prête à son personnage, expérience dramatique, ne suscite pas l’émotion voulue car lui-même, homme d’académie et philosophe n’a jamais eu la foi. En se représentant ce que signifie l’incapacité à créer pour un artiste, il aurait pu approcher ce drame, mais je le soupçonne d’avoir pratiqué la littérature en idéologue, l’art n’étant à ses yeux qu’un moyen de défendre une thèse. Quelques années plus tard, avec un succès dû à son génie dialectique, Sartre suivra le même chemin.