Près du village sur pilotis, des voisins parient sur un combat de coq. Des barges dont seules émergent la tour remontent le Tonle Sap, passent sous le pont en construction qui relie Pnohm Penh à ses banlieues et gagnent le Mékong. Devant l’immeuble qui abrite l’hôtel, toute la zone est inondable, aussi rien n’est-il bâti en dur. Les familles qui s’entassent sur ce bout de terre profitent vraisemblablement du terrain vague. Contre la berge flotte un rafiot de la taille d’un pâté de maison. En bois gris, retapé de morceaux de planche, il a un air d’un fantôme, mais la nuit une double arcade de néons s’allume et trace un chemin qui amène à sa porte. Alors derrière ses façades tournent des spots de couleur et l’on aperçoit des danseurs de karaoké. De mon cinquième étage, je regarde une vingtaine de gosses qui tapent un ballon dans la poussière quand je remarque Gala. Elle s’avance un sachet à la main. Le jeu s’arrête. Les gosses l’entourent. Plus tard elle revient dans la chambre.
- Ils tapaient dans un chaussure, je leur ai apporté deux ballons.
- Pourquoi deux?
- Un pour les grands, un pour les petits. Et je les ai donnés à ceux qui étaient assis à l’écart.
Nous regardons par la fenêtre: sur le terrain, un grand match vient de démarrer.