Siem Reap

Siem Reap (Angkor) est une cat­a­stro­phe et une honte. Je ne crois pas aux philoso­phies de l’his­toire qui décrivent des cycles dont les formes pour­raient être, eu égard à la con­nais­sance du passé, anticipées, mais quant à l’ob­ten­tion et à la perte sub­séquente des éner­gies, nul doute que de tels cycles soient repérables et nous sommes aujour­d’hui, nous civil­i­sa­tion occi­den­tale, dans une phase de perte ver­tig­ineuse de nos éner­gies et, de ce point de vue, aucune des­ti­na­tion touris­tique en pays pau­vre nous ren­voie, mieux que Siem Reap, l’im­age de notre dégénéres­cence. Nous sommes gras, abrutis, gré­gaires, vieil­lis­sants (y com­pris les jeunes) et affreuse­ment rich­es. Et je doute que nous sachions qui nous sommes. Quant à savoir qui sont les gens qui habitent le Cam­bodge, per­son­ne ne s’en soucie. De leur côté les indigènes aimeraient pren­dre mod­èle sur ce que nous sommes mais, heureuse­ment, ils n’en ont pas les moyens: imiter un tel état, fruit d’un long proces­sus, ne se fait pas en un tourne­main. Les Africains et les Arabes immi­grés en Europe y réus­sis­sent parce que toute la société leur vient en aide. Pour en finir avec cette ville de Siem Reap, je m’é­tonne qu’on y déplace des mil­lions de touristes européens alors qu’il serait facile de repro­duire les deux tem­ples d’Angkor Wat et Angkor Thom (les autres ne reçoivent que des vis­ites mar­ginales) et les quelques rues enguir­landées qui les flan­quent sous une bulle cli­ma­tisée de la région parisi­enne, ce d’au­tant plus que les Arabes désoeu­vrés, une fois réé­duqués, joueraient utile­ment le rôle des servi­teurs kmehrs.