Dérive

easy­Jet — sor­ti en librairie ce matin, le livre sus­cite aus­sitôt une chronique que me sig­nale l’édi­teur. Le jour­nal­iste, lié à un site inter­net con­sacré à l’avi­a­tion, fait du texte une présen­ta­tion hon­nête et sans intérêt qu’il agré­mente de pho­togra­phies. Il con­clut par un appel aux réac­tions de lecteurs. Or, je con­state qu’en effet ceux-ci ont réa­gi et se sont emparés des seuls élé­ments dans la chronique qui per­me­t­tent de rebondir: la nature polémique de la démarche et l’ac­cent mis sur l’in­con­fort du trans­port low-cost, de telle façon que dans le dia­logue qui se noue en ligne entre quelques dizaines d’in­ter­locu­teurs, il est dit que l’au­teur n’a écrit ce livre que pour gag­n­er de l’ar­gent, qu’il n’y prob­a­ble­ment jamais voy­agé à bord d’un avion easy­Jet, qu’il polémique inutile­ment et qu’il est pour le moins arro­gant de cri­ti­quer un mod­èle de voy­age pop­u­laire lorsqu’on se déplace en pre­mière classe une flûte de cham­pagne à la main. L’ironie veut que, retour de Sala­manque, je me trou­ve quelques heures plus tard à bord d’un avion de la com­pag­nie Swiss, tassé, bous­culé et trans­porté comme une marchan­dise. Mais le plus éton­nant est encore la vitesse de dérive que les com­men­taires impri­ment au texte: parce que le jour­nal­iste a qual­i­fié de “polémique” un texte dont ce n’est aucune­ment la voca­tion et qui, s’il était, le serait par défaut, des lecteurs qui ne l’ont pas lu s’en empar­ent pour faire val­oir des posi­tions générales et vindicatives.