Insomnies. Je poursuis dans le sommeil mon chantier littéraire et suis donc ramené à la veille. Les bruits de la ville se sont tus, il est 4h30, j’ouvre la fenêtre, ne peux plus dormir, lis Calaferte puis les bêtises de quelques jeunes auteurs que la prétention dirigeait vers le travail en banque et l’achat de voitures haut de gamme: on les sent presser de mettre un point final à leurs pages pour toucher en nature la rançon de leur prouesse. Puis j’ai faim. Dans les armoires je ne trouve que des nourritures saines, énergétiques, concentrées: chocolat, corn-flakes, jus. Je reprends mes lectures, mais les caractères flottent sur la page. Deuxième moitié de la nuit visitée de rêves qui agacent les nerfs avec des motifs de désirs frustrés, et quand vient le matin, il pleut, les paupières sont lourdes, j’écoute les voix vives et décidées d’un couple de dames qui passe dans la rue, ne doute pas de sa direction, conquiert chaque jour une situation qui se livre dans la répétition des gestes, des heures, des camaraderies, et j’admire.