Mois : juillet 2013

Le cosmopolitisme

Le cos­mopolitisme s’op­pose à l’u­ni­ver­sal­ité et la mode à l’é­ter­nité. Miguel de Unamuno.

Envie

Envie de fuir.

Pourquoi cette préparation du corps?

Pourquoi cette pré­pa­ra­tion du corps? me demande Etan. Tout rap­port est dialec­tique, tel était mon illu­sion. Car il y faut le lan­gage et la volon­té patiente des par­ties en con­flit d’ac­céder à un degré d’hu­man­ité supérieur. Or com­ment cela serait-il pos­si­ble dans un monde sans valeurs partagées où le sabir est général?

Augmentation

Aug­men­ta­tion de 65% des faits divers dans les grands jour­naux télévisés.

Entraînements au combat dans une carrière.

Entraîne­ments au com­bat dans une car­rière. A la pause de midi l’in­struc­teur racon­te des anec­dotes. De ses con­trats de mer­ce­naire, il ne dit rien — il rap­porte les inci­dents dérisoires mais sig­ni­fi­cat­ifs de sa vie à Genève. Sa pré­pa­ra­tion aux armes et sa con­for­ma­tion psy­chologique l’amè­nent à évoluer dans un monde où la ques­tion de l’autre se pose sur un mode binaire: ami ou enne­mi? Con­séquence para­doxale: à force de se pré­par­er à répon­dre à l’a­gres­sion, son agres­siv­ité devient un com­porte­ment à risque.

Résultats scolaires insuffisants

Résul­tats sco­laires insuff­isants d’Ap­lo. La pour­suite des études est com­pro­mise. Je m’ef­force de lui représen­ter ce que cela sig­ni­fie. Ecoute-t-il seule­ment? Avoir à tenir ce rôle devant un enfant qui n’a pas qua­torze ans est ridicule. Que peut bien lui évo­quer l’idée de tra­vail, de statut pro­fes­sion­nel, de classe sociale? Et pour­tant, quand on voit ce qui se pré­pare, force est de tenir le rôle que l’é­cole nous assigne. Ce que je vois c’est qu’à vouloir ren­dre la péd­a­gogie ludique dans le but de faciliter l’as­sim­i­la­tion des enseigne­ments, l’élève en vient à con­sid­ér­er  l’é­cole comme un jeu et il échoue non par manque d’in­tel­li­gence mais par con­for­mité avec une inten­tion sous-jacente, poli­tique celle-là, qui est de diver­tir l’en­fant pour en mieux dis­pos­er en tant qu’adulte.

Si la ville était considérée comme un organisme anthropophage

Si la ville était con­sid­érée comme un organ­isme anthro­pophage dont la crois­sance est fonc­tion du nom­bre d’in­di­vidus sac­ri­fiés, on expli­querait mieux le déplace­ment des pop­u­la­tions rurales vers les cen­tres puis, ce déséquili­bre approchant le point de rup­ture, l’ou­ver­ture de couloirs human­i­taires per­me­t­tant d’a­chem­iner les forces vives du tiers-monde vers le Nord.

Tournée à 4h30 du matin.

Tournée à 4h30 du matin. Je chif­fonne les feuilles de plexi sur mon genou, replace l’af­fiche, mais la pluie qui tombe dru innonde le cadre, pénètre le papi­er et s’é­tale sur le plexi. Et je ne suis qu’au début des dif­fi­cultés. A force de faire de la sous-enchère, les imprimeurs qui tra­vail­lent via l’in­ter­net pro­posent des gram­mages de papi­er si fins que les encres coulent et déposent sur les feuilles qu’il me faut grat­ter une à une du bout de l’on­gle. Cinq heures de tra­vail pour desservir les deux cent cadres de Fribourg.

La sagesse

La sagesse con­siste à demeur­er indif­férent aux influ­ences extérieures de façon à ce que la vie se déroule selon les pos­si­bil­ités éter­nelles de l’e­sprit et du corps.

Etan sur la simplification de l’homme

Etan sur la sim­pli­fi­ca­tion de l’homme, proces­sus engagé au moment de l’in­dus­tri­al­i­sa­tion et devenu après la sec­onde guerre mon­di­ale une arme dans les mains de l’Amérique. Lorsqu’un inter­locu­teur con­firme nos expec­ta­tions les plus pes­simistes il con­vient de repren­dre tout le juge­ment car le naturel nous pousserait à tenir aus­sitôt pour vrai ce qui n’est qu’une con­cor­dance d’opin­ions. Et pour­tant les signes sont patents: langue dévastée qui tire vers le cri, le grogne­ment. Etat d’im­bé­cil­ité men­tal revendiquée comme un titre de gloire. Diges­tion de la spon­tanéité des êtres. Mul­ti­pli­ca­tion des gad­gets, con­ta­gion volon­taire des esprits. Céc­ité poli­tique générale. Etan de son côté dresse le bilan en s’ap­puyant sur le des­tin de l’im­age, médi­um qu’une per­son­ne peu rompue à l’esthé­tique de la pho­togra­phie comme je suis aurait plutôt ten­dance à class­er au rang des armes de destruc­tion. Et d’énumér­er leur cir­cu­la­tion appau­vrie, leur décryptage naïf, leur con­som­ma­tion com­pul­sive. Nous évo­quons l’ef­fon­drement cul­turel de la Mit­tel-Europa. Le monde d’hi­er, est le titre de livre con­sacré par Ste­fan Zweig à cette fin d’his­toire qu’an­nonçait Niet­szche. Inter­vient ici la ques­tion des cycles. Or nous sommes à moins d’un siè­cle de l’avène­ment des grands total­i­tarismes. Un régime indus­triel divi­sait alors l’homme pour le recom­pos­er selon des morales col­lec­tives. Autre­fois adossées à des idéolo­gies aux­quelles sac­ri­fi­aient les bour­reaux de la lib­erté, ces morales sont de nos jours de stricts nihilismes où le sac­ri­fice de tous doit per­me­t­tre la grâce apoc­a­lyp­tique de quelques uns.