Etan sur la simplification de l’homme, processus engagé au moment de l’industrialisation et devenu après la seconde guerre mondiale une arme dans les mains de l’Amérique. Lorsqu’un interlocuteur confirme nos expectations les plus pessimistes il convient de reprendre tout le jugement car le naturel nous pousserait à tenir aussitôt pour vrai ce qui n’est qu’une concordance d’opinions. Et pourtant les signes sont patents: langue dévastée qui tire vers le cri, le grognement. Etat d’imbécilité mental revendiquée comme un titre de gloire. Digestion de la spontanéité des êtres. Multiplication des gadgets, contagion volontaire des esprits. Cécité politique générale. Etan de son côté dresse le bilan en s’appuyant sur le destin de l’image, médium qu’une personne peu rompue à l’esthétique de la photographie comme je suis aurait plutôt tendance à classer au rang des armes de destruction. Et d’énumérer leur circulation appauvrie, leur décryptage naïf, leur consommation compulsive. Nous évoquons l’effondrement culturel de la Mittel-Europa. Le monde d’hier, est le titre de livre consacré par Stefan Zweig à cette fin d’histoire qu’annonçait Nietszche. Intervient ici la question des cycles. Or nous sommes à moins d’un siècle de l’avènement des grands totalitarismes. Un régime industriel divisait alors l’homme pour le recomposer selon des morales collectives. Autrefois adossées à des idéologies auxquelles sacrifiaient les bourreaux de la liberté, ces morales sont de nos jours de stricts nihilismes où le sacrifice de tous doit permettre la grâce apocalyptique de quelques uns.