Des flo­cons gros comme l’hostie sur Fri­bourg. Rue du Criblet les enfants jon­g­lent, ouvrent la bouche et ava­lent ce qui tombe du ciel. La ville est blanche, elle fond, le temps se brouille et la neige tombe encore. Les voitures pati­nent, des pères hilares tirent des bébés sur des luges dont les patins font grin­cer le bitume. Tou­jours la même affaire, le temps de descen­dre à la cave, les hommes de la voirie on répan­du le sel. Dans la mon­tée de l’hôpi­tal des Bour­geois mon pneu de vélo tourne à vide, plus tard, au club de boxe, le pro­fesseur renonce à ouvrir la fenêtre. Evéne­ment rare, les trains sont arrêtés. Puis les routes, l’au­toroute. C’est le jour que je choi­sis pour aller récupér­er la BMW. La garag­iste — une femme en salopette aux yeux bleus épais — à mon­té des pneus d’hiv­er. Bulle est noyé dans le brouil­lard, la Gruyères prise dans une tor­nade de neige. L’al­bum de Meira Ash­er, Spears into hooks, ajoute une note d’apoc­a­lypse à ce décor bouleversé.