Pan­talons et chaus­sures de tra­vail, gilet, cut­ter, litres d’eau chaude en bouteille, tru­elle, pro­duit à vit­re, déca­pant, les deux télé­phones, je sil­lonne Fri­bourg et pose les cadres d’af­fichage sur les armoires élec­triques, la ville est déserte le dimanche, calme le same­di, mais du lun­di au ven­dre­di la gare, Pérolles et Tivoli bour­don­nent lorsque les cours de l’U­ni­ver­sité, du Guintzet, de St-Michel, s’achèvent sur le coup des qua­tre heures. Je sta­tionne sous la Route des Alpes, me désha­bille dans la rue, passe un veste de cos­tume, un jeans, me coiffe, manque me bat­tre avec un con­duc­teur bour­ru qui bloque l’ac­cès à un park­ing rue Grand-Fontaine, il a une fraise en place du nez, une pipe entre les lèvres, une ven­tre de baleine qui rem­plit le pare-brise, furieux, pressé, je lâche et colle la camion­nette plus bas, sous l’escalier du funic­u­laire, remonte à pied. Un groupe de por­tu­gais crapote au pied d’un immeu­ble, je cherche le douze, monte qua­tre étage, sonne. Nele Nese­me­witz, jambes frêles, petite poitrine, les yeux très bleu, me fait vis­iter le deux-pièces, puis la cave, creusée dans la pierre la cave, puis la buan­derie. Comme je lui fais remar­quer qu’elle n’a pas la télévi­sion, elle dit “il faut lire et sor­tir”. De retour dans la rue, des putes négress­es,  les têtes hir­sute encadrées dans deux impostes, me sif­flent — plus bas, les por­tu­gais me rail­lent, j’ai ignoré ces dames. Je me rha­bille, pan­talons et chaus­sures de tra­vail, gilet, cut­ter et  pars sur Beau­mont grat­ter des armoires élec­triques, puis je roule sur Lau­sanne, charge des affich­es, sur Genève, réponds au mails, écrite à l’av­o­cat, écrit à la gen­darmerie (au sujet du prélève­ment ADN que je refuse et que le pro­cureur vient de con­firmer, et que je refuse encore et que je refuserai tou­jours), charge des cadres, sur Satigny, charge les enfants, sur Bel­le­garde, achète de la nour­ri­t­ure, me fais coif­fer chez Cer­tif’i­cat (ou une niais­erie de cet ordre), sur Lhôpi­tal, où je décharge les cadres, le sotch dou­ble-face, la bande étanche, les cut­ters, les éti­quettes, à temps, car voici la femme de ménage et son mari, les Voitur­ons. Je leur verse une bière prise Chez Ed, migraine assurée, et leur explique ce qu’il faut faire sur ces cadres. C’est son anniver­saire demain, dit la femme de ménage en mon­trant son mari, un homme amor­ti, jeune et gros, mais on le fêtera une autre jour, on va vous faire ces cadres. Et Gala envoie un mes­sage de son adresse incon­nue sur la Côte-d’Azur: c’est toi qui me télé­phone, moi je ne te télé­phone pas. Nous man­geons, nous regar­dons Hiber­na­tus, je couche les enfants, je lis un essai sur les Anony­mous, je me couche, on dit qu’il va faire beau