Je songe à ce que je vais faire puis j’y pense, organ­isant les actes, situ­ant les lieux, et, ce n’est pas nou­veau, sans douter de la pos­si­bil­ité de réalis­er cela comme je le pense, ce qui me plaît, surtout quand je suis immo­bile, par exem­ple couché, cher­chant le som­meil, toutes lumières fer­mées, dans le noir donc, dis­posant d’un espace à délim­iter, col­or­er, habiter, puis quand l’opéra­tion tend à l’achève­ment, je reviens au point de départ, la songerie, la pen­sée, dans le moment où elle s’en­gage, devient créa­trice et je place en regard de la pre­mière vision, une sec­onde vision, puis à côté de la sec­onde une troisième. Alors je peux revenir à ma posi­tion réelle, par exem­ple couchée et établir avec cer­ti­tude, sans affecter en rien ce mer­veilleux spec­ta­cle des avenirs par­al­lèles, qu’il fau­dra com­mencer par détru­ire toute la sit­u­a­tion présente, mais au lieu que cela ne tourne à la vio­lence, il me suf­fit de fix­er la vision qui, plus que les autres, trou­ve grâce à mes yeux et l’é­tat présent, être couché si je le suis, dans un lit, le lit dans une mai­son, la mienne, à Lhôpi­tal, au milieu des champs neigeux, du Jura glacé, avec telles coor­don­nées ter­restres, tout cela tombe dans le néant et la vision acquiert alors une telle net­teté que mon con­vic­tion est faite : quelque chose de si net ne peut que se réalis­er si je le désire.