Longue promenade sur le Strip, à pied, en tapis roulant, via des passerelles, des couloirs, à l’intérieur, à l’extérieur. Un ciel peint, vénitien, succède au ciel bleu du Nevada. Plus loin, la fontaine de Trevi, la statue de la liberté, le palais des Doges, Ghizé. Choses venues d’ailleurs. qui pour la plupart n’existent qu’ici. Ebahis, les américains regardent. Parlent peu. Ils semblent avoir perdu leur texte. Le long des galeries, sur des étages et sur des kilomètres, les marques de luxe tiennent boutiques. Peu d’acheteurs. Les vendeuses, élégantes et debout (interdiction de s’asseoir) regardent défiler les touristes. Tout cela comme si le metteur en scène était pris dans un embouteillage et qu’on l’attende pour commencer. La dure réalité est aux carrefours des grandes avenues, là où sont assis des clochards aimables et anéantis. Mais eux aussi rsemblent attendre de retrouver un rôle. Ce qui est optimiste. Du reste, l’ambiance est policée. Donc menacée d’une constante rupture d’équilibre. Que seule imagine l’européen. Car l’américain semble vivre dans une enclave d’éternité qui offre, comme toute enclave, les avantages et inconvénients de la prison.