Au Thaï Hotel de Kra­bi, vaste salle de petit-déhe­uner aux tables ron­des devant un podi­um de karaoké. L’air con­di­tion­né, réglé trop froid, raid­it la nuque et der­rière les piliers, dans les coins, en coulisse, des som­melières atten­dent le client. J’en vois cinq, j’en devine le dou­ble. Au bout d’un quart d’heure l’une nous sert le café; une autre les oeufs — entre temps, le café est froid. Je rede­mande du café. Quand on l’ap­porte, les toasts sont froids.
Ce qui me rap­pelle un restau­rant du cen­tre de Hanoï, face au Lac de l’épée resti­tuée, en 1990. Comme ici, salle vaste et per­son­nel pléthorique. Un garçon apporte la carte. Huit pages de plats viets, chi­nois, français. Nous com­man­dons deux riz. Sans un mot, le garçon ramasse la carte et s’en va. Vingt min­utes, puis dix et rien, pas même les bois­sons. Ni le garçon. Je hèle la serveuse qui guette cachée dans les plis d’un rideau. Gênée, elle se retire. J’en appelle une autre. Qui s’en va au lieu de venir. Alors nous com­prenons: il n’y a rien dans le restau­rant. Rien à manger, rien à boire. Mais c’est un restau­rant et le per­son­nel se com­porte comme le per­son­nel d’un restaurant.