Lecure des écrivains suiss­es à Paris. Les français d’abord, le same­di, à la bib­lio­thèque uni­ver­si­taire de la Sor­bonne. Je m’y rends à 17 heures. Des gardes m’ar­rê­tent devant la cour d’hon­neur. Quelle man­i­fes­ta­tion dites-vous? Un pom­pi­er m’ou­vre le bib­lio­thèque. Nous chemi­nons entre des étagères vides.
- C’est en réno­va­tion. Pour cinq ans.
Il pousse des portes, jure qu’il a vu entr­er un mon­sieur. Si c’est celui que je cherche? Je n’ai pas de nom. Mais le pom­pi­er est de bonne volon­té, dans sa loge, il doit s’en­nuy­er. Il pousse d’autres portes. En vain. Il n’y a per­son­ne. Revenu au point de départ, il insiste: il a vu quelqu’un, et nous repar­tons pour un tour. En fin de compte, nous apprenons par le chef des pom­piers que la lec­ture est à 19h00.
Je com­mande sur une ter­rasse de St-Michel une bière tiède et hors de prix. Je suis assis à deux tables de celle que j’oc­cu­pais il y a neuf ans, la nuit où N. m’a drogué. J’ap­pelle Edouard. Il tra­vaille sur le fonds Dous­set, au Pan­théon. Il me par­le de Dous­set. Qui est-ce? Pour le reste:
- Je vais très bien. Ma femme est con­tente que je passe plus de temps avec elle.
A 19h00, de retour dans la bib­lio­thèque, je m’assieds loin des écrivains français, trop loin (il y a peut-être des écrivains suiss­es dans la salle, mais je ne con­nais pas leurs vis­ages). Je m’aperçois un peu tard, lorsque le pre­mier entame son texte, que les lam­pes d’ap­point en forme de méduse placées sur les tables de tra­vail me ravis­sent la vue. Trois heures de lec­ture. Long, intel­li­gent. Pointu. Sérieux. Même les auteurs qui font rire: sérieux. A la sor­tie, je salue deux messieurs en qui je crois recon­naître des lecteurs. Ils dis­ent que non, que ce n’est pas eux. Popes­cu, à l’in­vite du quel j’ai répon­du — c’est lui notre entremet­teur — me ratrappe et se présente. ce qui est évi­dent pour tout le monde, ne l’est pas pour moi. C’est Popes­cu.
- Bon­jour je suis Daniel.
Et d’emblée, il me remer­cie d’être venu à Paris. Mais com­ment savoir qu’il s’ag­it de Popes­cu? Il porte un cos­tume élé­gant et déplacé, une large cra­vate, il a une gueule.
Nous allons au restau­rant. Les dis­cus­sions , rem­plies de références, de cita­tions, de noms, de sobri­quets, de tuyaux, de clins d’oeil me clouent le bec. On ne par­le pas du livre qu’on a lu. On par­le du livre qu’on a lu le matin et qui est sor­ti en librairie la veille. D’ailleurs les écrivains sont tous pro­fesseurs, doc­teurs, enseignants, chercheurs. Je com­mande de la bière, je ne sais plus rien.