Mois : juin 2010

En général, on peut dire que si quelqu’un a pris plaisir à écrire, le lecteur pren­dra plaisir à lire. Cette phrase quand je l’ai lue il y a plus de dix ans avait retenue mon atten­tion. J’y pen­sais tout à l’heure en lisant — en essayant de lire — les cri­tiques lit­téraires dans Le Monde.

Ce qu’il dit est idiot. Lui ne l’est pas, et la foule applaudit.

Le bipar­tisme est le plus mau­vais des sys­tèmes. Il dépos­sède le citoyen de son imag­i­na­tion con­tes­ta­trice sans représen­ter adéquate­ment ses objec­tifs. Dans un sys­tème fer­mé, de par­ti unique, la con­tes­ta­tion est irré­ductible; dans un sys­tème mul­ti­par­tite, elle s’ex­erce à tra­vers le débat, l’en­tente entre les par­tis étant improbable.

Aboutir à C par­tant de A, sans raison­ner. Par l’in­tu­ition. Celle-ci en tant que vecteur d’ac­céléra­tion. L’in­tu­tion analysée, on retrou­ve la suite logique ce qui per­met de départager intu­ition et préjugé. Lorsque le cas est com­plexe — aboutir à V en par­tant de A, le raison­nement est néces­saire. Mais à force de répéti­tion, ce raison­nement per­met de con­clure de A à V sans ren­dre con­scient la suite logique. D’où la ten­ta­tion d’aboutir par l’in­tu­tion dans des cas assim­i­l­ables au mod­èle A — V, par exem­ple A — U. L’in­tu­tion ne peut aboutir cer­taine­ment au bon résul­tat, mais elle fonc­tionne comme un guide de la rai­son. Elle aug­mente le degré de per­spi­cac­ité de celui qui, s’at­tachant à résoudre un prob­lème com­plexe, ren­con­tre, en tant qu’élé­ment de ce prob­lème, une séquence du type A — V. Il est dès lors faux d’as­sim­i­l­er à une préjugé, une propo­si­tion de réso­lu­tion approx­i­ma­tive d’un prob­lème assim­i­l­able à un autre prob­lème dont on a la con­nais­sance. Fonc­tionne ain­si le spé­cial­iste dans une matière. Effet per­vers: le spé­cial­iste s’au­torise de son statut (acquis par des réus­sites répétées d’ap­pli­ca­tion de ce mod­èle) pour présen­ter comme intu­ition un préjugé (ce dont il est peut-être dupe.)

Rares sont les homo­sex­uels qui tiennnent une con­ver­sa­tion sans par­ler de ça. De quelle crainte cette néces­saire réaf­fir­ma­tion est-elle le signe?

Con­tre la démoc­ra­tie, pour le peu­ple, un pro­jet de république pla­toni­ci­enne. L’é­gal­i­tarisme est le drame de la lib­erté. Egal­ité des pos­si­bles et rééelles dif­férences, tel devrait être le principe du sauvetage.

Quel rap­port entre un cail­lou, De Gaulle et le saut à la perche? Il n’y en a pas. Et puis, il y en a un. Le voici. N’est-ce pas amu­sant? Morale de la nou­velle esthétique.

Le livre sur la forêt est fini, l’édi­teur l’a accep­té; et je n’ai pas de titre. Et ne le trou­ve pas. Il est un peu nu.

Belle mer de brous­sailles autour de la mai­son. Un mou­ve­ment par­fois. C’est une vache. Elle nav­igue. Ou un chat. Qui sur­nage. Mon chat. Je le sec­oure. Lui verse des bis­cuits. Il monte sur une chaise, ron­ronne. Demain il recom­mencera. Ou tout à l’heure. penser à racheter des bis­cuits Chez Ed. Et à met­tre deux pulls avant d’aller faire les achats. Il fait frois Chez Ed. Les cais­sières por­tent le bon­net. Les brous­sailles dansent. Le paysan est devant la télévi­sion. Il regarde le foot­ball. Des motards passent. Traces d’essence sur le toute mouil­lée. Ce n’est pas ce qui était prévu. La nuit tombe, le jour monte vite. Les vach­es se relèvent. On ne voit plus que leurs cornes. D’ailleurs elles n’en ont pas. Qu’est-ce que ça peut-être? La nuit tombe encore.

Il pleut. Les tomates sont ren­trées en terre. Elle sont mon­tées, ont vu le ciel, sen­ti la pluie, résisté, se sont lassées, sont retournées en terre. La pluie, toujours.