Je croi­sais sur Nusa lem­bo­gan, au large de Lom­bok, dernirèe des îles de la Sonde. Une tra­ver­sée pénible, pleine d’eau et d’ailerons dans le flot. A un moment nous man­quons couler. Enfin nous abor­dons. Les indigènes s’en vont. Le cré­pus­cule vient, immense et plat et rouge, il y a un bar, un seul, des hamacs sour un toit de paille. Au lieu de paress­er, nous par­tons sous les feuilles bruis­santes vis­iter l’île, coupons par le cimetière — on nous a dit, “pas par le cimetière”. Sur les tombes il y a des para­pluies ouverts, c’est la mous­son, des para­pluies achetés au souk de Sanur, Bali. Puis nous mar­chons sur un chemin de falaise, sur un pont de corde, sur un sen­tier. Soudain, devant nous, tassé comme un banc de moules, les maisons du vil­lage et devant les maisons, les indigènes. Qua­tre généra­tions, du grand-père aux enfants. Les jeunes se char­gent de nous regarder. Ce regard a un sens: nous ne voulons pas de vous. Nous avançons entre les maisons et le silence, comme une mau­vaise tache d’en­cre, s’étend.