Hauteluce, Savoie. Au vil­lage un kiosque. On y trou­ve la presse, des pio­lets, des chaus­sures, des tableaux de laine. La sat­is­fac­tion de trou­ver Le Monde ici est aus­si grande que si je le trou­vais au souk d’Ir­bil. Du reste, j’ai honte de n’a­cheter que ça. Pire, si Le Monde n’é­tait pas disponible, je m’en irais les mains vides. La dame encaisse. Elle par­le de la neige, des vacances qui vien­nent de finir — les enfants, G. et moi sommes les seuls touristes du vil­lage — elle en par­le avec la même atti­tude aimable qu’il y a deux ans, une atti­tude qui arrête le temps. Jeune et sere­ine, elle donne l’im­pres­sion de n’avoir pas quit­té le kiosque depuis deux ans (com­ment sait-elle pour la neige?) Et ces jour­naux, com­ment arrivent-ils dans le kiosque? Ils arrivent aujour­d’hui et le lende­main, inven­dus, repar­tent. Que dire alors des chaus­sures, des tableaux de laine? Le kiosque est sur la route prin­ci­pale, mais elle est prin­ci­pale parce que c’est la seule.