“Dieu préfère les hommes aux femmes”, Coran, IV, 38.
Chaud 2
Le matin (levé depuis une minute, je verse du grain moulu dans la cafetière), Jésus réapparaît avec un réservoir neuf rouge sous le bras. Il bidouille, teste les radiateurs, s’en va. Je remercie. Débarrassé, content, je reprends où j’en étais, pousse la cafetière sous le robinet — pas d’eau. Un message du maire s’affiche sur mon portable: “chers amis, désolé, la conduite municipale vient d’exploser”.
Chaud
Plongé dans l’histoire de la notion de “progrès”, je rajoute un buche dans le poêle, une autre, puis passe un deuxième pull. Trop tard. J’ai pris froid. Je sors dans la rue. Température moyenne. Vérifie le thermomètre intérieur: température moyenne. Me revient alors que toujours j’ai eu froid quand je réfléchissais, moi qui en temps normal me promène à moitié déshabillé. Sur ce, je consulte la météo. Il va pleuvoir. C’est l’automne, bientôt l’hiver. Le moment est venu d’allumer la chaudière. Coincé au fond du cagibi, elle est vieille, cabossée, tirée d’une décharge. Et il me souvient qu’elle distribue l’eau chaude selon son beau plaisir, ou ne la distribue pas. J’appelle Jésus. Il rapplique. La met en route.
-Désolé, le réservoir a explosé.
Le voilà qu’il repart en plaine avec sous le bras un récipient rouge de la taille d’une côte de bœuf.
Francis Wolff
“On est ébahi en découvrant, dans une communication animale, plusieurs centaines de messages possibles. Mais dans le langage humain, ce ne sont pas plusieurs centaines, c’est toujours une infinité! Pour prendre un exemple simple, la phrase que je suis en train de prononcer ne l’a peut-être jamais été par qui que ce soit, et elle est compréhensible pour tout le monde. De même, tout le monde peut inventer à chaque instant une phrase qui n’a jamais été dite et qui sera compréhensible. Ce pouvoir d’inventivité infinie est spécifique à l’homme.”