L’homme a peur. Quand il maîtrise enfin son environnement, il a peur de la femme. Il organise la langue, circonscrit la femme. Le voici en position de souffler les réponses, d’organiser la femme, de juguler la peur. Il y trouve une illusoire sécurité car, en dernier lieu, la femme est plus intelligente. Pour elle, il est toujours trop tard, elle ne peut rien sans lui. Pour lui, il tient la position au prix de sa vie (qui comme chacun sait, est plus courte que celle de la femme.)
Mois : juillet 2013
Paroles
Ai remarqué que l’on répétait deux fois nos paroles, quand ce n’est trois.
- Ce qu’on va faire c’est que je viens demain dans l’après-midi déposer le carton en bas… Disons en début d’après-midi… De toute façon tu le trouveras en bas. Bon, on fait comme ça, je te le dépose en bas demain après-midi.
Quel silence, si on s’exprimait à coup sûr!
Atavisme
Atavisme du comportement chez Gala: se faire servir, prendre son temps, susciter le désir, le frustrer, se faire attendre. J’ai connu une femme chez qui c’était l’inverse. Elle prévenait chacun de mes pas, se relevait pour cuisiner si j’avais faim, s’offrait le soir, me montait dessus au réveil, et si la nuit l’envie nous prenait, s’en montrait ravie. J’ai préféré celle qui me résiste, ce que l’atavisme doit enseigner à cette lignée de femmes et que les femmes du peuple souvent ignorent parce qu’elles n’ont pas eu l’occasion de l’apprendre.
Idéal
Idéal permettant la répétition des grands ensembles bâtis, est la conférence que je prononçais devant l’assemblée. J’expliquais dans mon rêve la ville nouvelle et la cité communiste, leur analogie. Une première fois réveillé, je reprenais bientôt: il y a la symétrie, mais surtout le principe d’intégration des variantes humaines au concept, les comportements sont prévus et ordonnés sur l’espace. Lors du second réveil, je m’étonnais d’en savoir aussi long sur le sujet et de pouvoir l’exprimer dans les termes technique du professionnel. Quelques secondes, puis rêvant encore : … j’entends par là, que la ville est pensée avec ses possibilités humaines, le loisir, le repos, le travail tandis que les ensembles bâtis historiques génèrent spontanément ces réalités. Alors retentirent les applaudissements du public et je me réveillais satisfait: j’occupais à côté de Gala le lit de la chambre 127 du B&B de Pegnitz, un Motel proche de Nürnberg.
Château de poche
Au Literarisches Colloquium de Wannsee, château de poche tout en pinacles et moulures qui donne sur un parc vert. En contrebas, un banc de pierre en demi-cercle où l’on imagine déclamer. De là, visible à quelque distance au-dessus de l’eau, l’embarcadère qui amène les Berlinois venus en S‑bahn du centre de la ville vers la grande plage. Nous apportons le brasero, les enfants soufflent sur les saucisses et s’aspergent au jet, nous buvons de la Beck’s et de la Budvar. Un Praguoise, chercheur universitaire spécialisée dans l’intertextualité et son fils, grand gaillard de vingt ans, qui parle de Facebook et boit un Redbull, puis un couple autrichien qui fabrique des livres pour enfants; elle, visage ovale, en chignon, d’une beauté très fin XIX ème raconte son mois de jeune fille au pair vécu il y a une dizaine d’années dans une famille de l’ancienne aristocratie française, les De Durand. Ils m’ont envoyé, dit-elle, dans leur résidence d’été en Bretagne nettoyer au pinceau et au grattoir dix heures par jour la rampe du grand escalier, les espagnolettes et embrasures des fenêtres, les lustres et les pieds de meubles. Plus tard, nous courons pour attraper le dernier métro et n’atteignons Alexanderplatz puis Prenzlauerberg Allee, brasero et kitchenette en main, que vers 1h30, frappés par la tenue impeccable des Allemands, même jeunes, mêmes ivres.