Voilà trente ans que je lis et relis les Carnets de Louis Calaferte et le même nombre d’années que je me répète ma position devant la religion: la foi crée son objet. Or hier, feuilletant une nouvelle fois le volume IV des Carnets intitulé Le spectateur immobile (notes des années 1978–1979), je lis: “la foi crée son objet”. D’une part je m’étonne de n’avoir jamais relevé cette phrase; d’autre part je m’explique mieux les accointances que j’ai avec cet auteur ou plutôt la “sympathie” que j’ai pour son mode de pensée ; mais surtout, je m’étonne des conséquences si différentes sur son esprit, sur le mien, de ladite position religieuse, lui déiste, amateur des Ecritures, de la cosmogonie chrétienne, moi abstrait, expérimental, amateur d’ineffable.