Une vie en retrait de la société. Le paradis anticipé. Mais quelle lutte pour y parvenir! Que de brouillard à brasser! Combien d’individus à qui tourner le dos! Et se trisser, et fuir, en priant pour qu’ils ne vous rappellent pas. A l’occasion, ils hantent l’exil heureux tels des fantômes. Un nom est cité par un parent resté en Suisse ou un médiocre qui a œuvré paraît soudain sous les caméras et vos proches veulent que vous le sachiez. Ou encore, comme hier, une photographie en une des journaux de Genève montre l’équipe de militants qui a ravi le mandat électif du Conseil d’Etat: tous me sont connus, trente ans qu’il attendaient devant la porte. Quel progrès moral attendre d’une société qui remplace les anciennes badernes par de nouvelles badernes? Quel espoir d’une direction intelligente quand les postes de responsabilité ne sont que compensations pour des ratés qui dévident leur pelote de frustrations?