Au-dessus du désert de Gorafe, province de Grenade, l’un des lieux d’Europe les plus désolés que j’aie vu, je remarque sur le bord de la route une cariole de la taille d’un gros canapé. Montée sur des rondelles de bois à peu près rondes, chargée de bidons et de chiffons, munie d’un volant de pneu et carénée de boîtes de conserve, elle est arrêtée sur la pente de la vicinale qui mène au désert. Quelques mètres plus loin, je trouve deux autres carioles de la même facture. Un homme en loques, le regard perdu, la barbe mêlée aux cheveux joue à réparer avec beaucoup de sérieux le moteur de celle qui occupe la tête du convoi. Voilà pourquoi tout est arrêté. Un tournevis et un marteau à la main, l’air concerné, l’homme va d’un engin à l’autre, il cherche la solution.