Stabulations

Le quarti­er compte trois super­marchés. Tous sont des mag­a­sins de mis­ère. Eta­lages déparés et lacu­naires, légumes en peine, pain sec. Un four­gon de can­ton­niers africains s’ar­rête sur le trot­toir, l’un des leurs achète de la bière chaude. Le type est épuisé, il n’y a qu’une caisse, il atten­dra. Et les prix: astronomiques. A croire que le gérant ajoute des zéros au hasard. Je prends, je repose. De retour à l’hô­tel, nous avons cinq cent grammes de viande hachée, des spaghet­tis avec Gluten (moi), des spaghet­tis sans Gluten (Gala), un oignon, de la tomate con­cassée, une tranche de Parme­san. De l’ar­moire du van je retire une sauce sup­plé­men­taire, stock­ée pour le sec­ours, française, al’arra­bi­a­ta. Nous cuisi­nons. C’est mau­vais. A ne pas manger. Je renonce à la bolog­naise. Je renonce aux spaghet­tis. Je dis: “ces gens veu­lent nous affamer”. Pro­duits de grande dis­tri­b­u­tion à l’in­sec­ti­cide, à la farine ukraini­enne, aux antibi­o­tiques pour pois­son. Pau­vres ouvri­ers, pau­vre peu­ple, pau­vre de nous!