Cîteaux

Prom­e­nade dans les bâti­ments mas­sifs du monastère de San­ta María de Huer­ta. La pierre est jaune, la pierre s’élève au ciel. Au ciel sif­flent les hiron­delles. Le père qui nous reçoit con­seil un ordre de vis­ite: dor­toir, réfec­toire, cloître, jardin, église. Le dor­toir était col­lec­tif, les Cis­ter­ciens couchés à même le sol, le réfec­toire est d’une taille con­sid­érable, on devait y brûler des troncs, y don­ner des lec­tures inter­minables. L’his­toire nous dit que depuis sa fon­da­tion au début du douz­ième, en rai­son de l’in­fer­til­ité des ter­res, le monastère a été déplacé trois fois. Aujour­d’hui il s’élève dans un val­lée troglodyte et blonde comme le sable, la sen­sa­tion est celle de l’é­ter­nité et de la durée. Hormis les oiseaux, rien ne bouge. Sous le soleil, face au narthex et au cimetière, une rangée de maisons paysannes aux façades tra­pues comme on en trou­ve sou­vent (pour pro­tec­tion) à l’abord des monastères. Toutes inoc­cupées sauf une. Le pro­prié­taire, un vieil­lard, est assis sur une ruine. Der­rière la fenêtre étroite de sa mai­son tra­vaille un ouvri­er. Le vieil­lard attend que le tra­vail finisse, il n’y a pas assez de place pour deux per­son­nes dans la maison.